L'instant vivant
(61342) LOVEJOY
l’astéroïde de l’Otium, le « loisir fécond et studieux »
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Un temps de loisir dédié à la quête de sens et de beauté
Qui se représente aujourd’hui le travail ou l’activité économique comme le simple contraire d’un loisir studieux qui serait considéré comme l’activité par excellence ? Les Latins voyaient pourtant le monde des affaires, le négoce, negotium (neg-otium) comme l’inverse et la négation de l’Otium, la seule forme d'activité qui leur importait.
« L'otium est un terme latin remontant au milieu du IIe siècle av. J.-C. qui recouvre une variété de formes et de significations dans le champ du temps libre. C'est le temps durant lequel une personne profite du repos pour s'adonner à la méditation, au loisir studieux. C'est aussi le temps de la retraite à l'issue d'une carrière publique ou privée, par opposition à la vie active, à la vie publique. C'est un temps, sporadique ou prolongé, de loisir personnel aux implications intellectuelles, vertueuses ou morales avec l'idée d'éloignement du quotidien, des affaires, et d'engagement dans des activités valorisant le développement artistique ou intellectuel (éloquence, écriture, philosophie).
À l'époque des Romains, l'otium était notamment perçu comme un puissant moyen d'échapper à la marchandisation du monde, au négoce, le negotium (occupation, activité, besogne, travail, affaire).
Pour les Grecs et les Romains, les conditions de la liberté sont contenues dans l’otium, le « loisir fécond et studieux ». L’émancipation de l’homme ne leur semble possible qu’au prix d’un loisir entièrement dédié à la vie de l’esprit. Moment privilégié de l’existence, libéré des entraves de l’utilité triviale, exempté de tout objectif quantifiable, de tout profit matériel, ce temps est dévolu par les Anciens à la recherche du sens, de la beauté et de la vérité.
La philosophie puis la démocratie sont nées de l’otium. Elles ont pu être pensées grâce à l’espace sans limite offert ainsi à la conscience humaine et à sa quête désintéressée de la vie belle et bonne.
Sénèque loue les mérites de l'otium et le considère comme la caractéristique de l’homme vraiment libre, mais en ajoutant qu’il est bon de le consacrer à un rôle social ou politique dans la cité.
Comme Cicéron, Montaigne pense que l’homme n’est pas vraiment lui-même dans la vie publique, le monde et le métier, mais dans la solitude, la méditation et la lecture. Il évoque la notion d’otium dans l’origine des Essais, après son retrait de la charge de conseiller au Parlement de Bordeaux, à l’âge de 38 ans. Ce à quoi il aspirait, suivant le modèle antique, c’était au repos studieux, au loisir lettré, à l’otium studiosus, afin de se trouver, de se connaître. » Wikipedia
Le concept de l'otium s'inspire d'une pratique héritée de la Grèce antique, la skholè, comme l'explique l'historien Jean-Miguel Pire dans son livre "Otium. Art, éducation, démocratie", paru en février 2020.
L'auteur définit l'otium comme un "loisir studieux", qui peut se traduire par une quête de sens et de beauté.
La palette de l'otium est quasiment infinie : lecture d'un traité de philosophie, apprentissage d'une langue, pratique d’un art, initiation au yoga ou à l’astrologie...
Converties en 'temps de cerveau disponible', la rêverie, l'étude, la contemplation gratuites n'ont plus guère de place dans un univers entièrement marchandisé. Nous comprenons que cette mutation altère une part précieuse de notre existence mais nous peinons à la nommer', écrit le critique d'art et commissaire d'exposition Jean Loisy en préface de l'ouvrage "Otium. Art, éducation, démocratie".
Dans l’Occident médiéval, entre les dimanches, les fêtes de saints, les célébrations religieuses, les fêtes royales, près d’une journée sur trois est chômée, soit 100 jours par an ! Le labeur n’est pas entré dans les mœurs : à l’époque, la norme sociale, c’est l’otium, le temps libéré de toute affaire.
Rien à voir avec l’oisiveté. C’est un temps non utilitaire, pour soi, réservé à la réflexion, la prière et la spiritualité.
Le Moyen âge distingue ainsi le temps de l’existence du temps de subsistance, et le temps intérieur du temps social. Et celui qui ne respecte pas cette règle s’expose à de sévères pénalités.
Ainsi, dans les registres du Châtelet, à la date du 17 mars 1401, on lit : « Jehan le Mareschal, esguilletier, condamné à 10 sols tournois d’amende pour ce que dimanche passé il exposait esguillettes en vente. »
Un rapport au temps qui a volé en éclats au XIXe siècle avec l’avènement de la société industrielle.
L’otium a disparu de nos représentations. Il n’a pas résisté à l’avènement d’un monde presque entièrement fondé sur les échanges économiques. Qu’il fut fécond ou non, le loisir s’est vu déconsidéré car la totalité du temps disponible devait bientôt répondre aux exigences de l’utilitarisme.
Dès l’origine, l’hégémonie du commerce est explicitement fondée sur la ce qui nie (neg) les conditions pourtant indispensables à la vie de l’esprit. À cette lumière, la création du ministère de la culture par Malraux voulait restituer à la République les moyens de jouer son rôle dans l’émancipation humaine. En reconstituant au cœur de l’État une sphère dédiée aux mouvements désintéressés de la conscience, en revivifiant l’otium, Malraux voulait, disait-il, « faire pour la culture ce qui a été fait pour l’instruction primaire » : l’ériger en nécessité vitale pour chaque individu.
Aujourd’hui, les psychologues s’accordent à dire qu’il faut réintroduire du temps pour soi dans nos vies.
Un concept toujours d'actualité dans ce contexte de crise climatique et sanitaire qui appelle à des modes de consommation plus raisonnés. Cette période de temps libre, éloignée du quotidien, consacrée à des activités intellectuelles ou créatives, est devenue un enjeu social pour certains sociologues. Elle s'étend maintenant dans certaines entreprises à des cadres et devient une revendication de nombreux salariés.
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L’astéroïde (61342) Lovejoy est l’essence du processus de l’otium, ainsi que me l’a indiqué mon amie Sandra Thomine, que je remercie ici. Grâce à elle cette étude a pris tout son sens et son développement.
Le thème de première observation :
Dans le thème de première observation du 05 février 1995, l’astéroïde Lovejoy se trouvait à 18° du lion, qui a pour symbole : « Une réception sur une péniche aménagée» avec comme mots clés :
« s’affranchir des convenances ; le plaisir que l’on retire à s’affranchir momentanément de conduites sociales rigides. Cela signifie se détendre, se relaxer et passer du temps avec des personnes partageant les mêmes idées. Temps libre. »
Le Soleil indique que ce temps libre est studieux : «un homme d’affaire important installé devant son bureau ».
L’otium est tout sauf du divertissement et de la récupération de la fatigue du temps passé au travail alimentaire. Dans un monde idéal, il est ou devrait être premier.
Le nœud nord à 9° du Scorpion : "Un dîner fraternel réunit de vieux camarades".
Mots clés : "travail ou expérience partagés. Ce symbole montre que le fait de se réunir avec des personnes ayant des visions et des histoires communes peut être très enrichissant et renouvelant. Un "dîner fraternel" peut aider à retrouver de vieux amis, ou fournir un lieu pour en rencontrer de nouveaux. Il est important de trouver le temps de socialiser avec des personnes partageant les mêmes idées, car de véritables amitiés peuvent naître de simples rencontres. En outre, on a souvent l'impression d'avoir connu des gens auparavant, à un niveau karmique ou dans une vie antérieure. La véritable camaraderie et la fraternité peuvent apporter un doux sentiment de nostalgie et d'élévation dans la vie de chacun.
Des liens renouvelés. L'impression de s'être déjà connu auparavant. Réunions et souvenirs. Liens avec les vies antérieures."
La Lune est conjointe à l'astéroïde (14) Irène, la paix et (171433) Protée : l’otium est un lieu de paix et peut prendre différentes formes possibles (Protée). La Lune est sur le degré : « La porte du jardin où s’exaucent tous nos désirs ». Avec l’otium, nous faisons ce que nous aimons et désirons faire. Pendant ces moments privilégiés, nous choisissons notre activité ; elle nous correspond parfaitement.
La Lune est d’ailleurs conjointe à (31) Euphrosyne, la joie, la félicité.
Le symbole de Sedna à 12° du Taureau, au nœud sud, montre que notre servitude est liée à l’appât ou la nécessité du gain. Le message principal de Sedna est de se libérer des situations où l’on est forcé à faire ce qui ne nous convient pas. Cérès en Lion, au carré de Sedna, demande de laisser l’âme s’exprimer, sur le degré qui a pour symbole « Une âme désincarnée cherche à revenir sur Terre ».
Neptune est à 23° du Capricorne qui a pour symbole : « Une femme entre au couvent »
« Ce symbole montre que l'on passe du temps à contempler et à se consacrer à sa vie spirituelle ou à une cause supérieure. Parfois, vous devrez laisser tomber les exigences de la société et de la nature inférieure, vile, pour vous concentrer sur des choses plus spirituelles, plus élevées ou plus significatives dans la vie. Vous aurez peut-être besoin de vous éloigner des pressions de la société, de méditer sur vos pensées et vos valeurs intérieures. »
Le Vertex, lieu de rencontres évolutives, est à 17° des Gémeaux (la communication), sur le degré dont le symbole sabian s’intitule : « Dans une ville américain, deux chinois s’entretiennent dans leur langage natal »
« Ce symbole implique la capacité de trouver quelqu'un avec qui communiquer, même lorsque vous vous trouvez en territoire étranger. Trouver quelqu'un qui partage vos idées ou vos sentiments vous aidera à vous sentir plus à l'aise et en sécurité. Penser et parler dans votre langue maternelle ou dans une langue qui reflète vos pensées et vos convictions vous apportera plus de facilité et de confort. Partager des pensées communes peut aider à transcender les sentiments d'aliénation et conduire à une nouvelle compréhension. Avoir une langue spécialisée qui ne permet pas de communiquer avec tout le monde. Interprétations. »
On y verra un aspect fondamental de l’otium qui est l’apprentissage (Gémeaux) d’une langue spécifique, que ce soit une langue étrangère, le langage de l’art pictural, littéraire ou musical, de la philosophie, de la mécanique, de l’informatique, les asanas ou mudras du yoga, etc..., sans oublier le langage spécifique de l’astrologie !